La monnaie, tout comme le drapeau ou l'hymne national fait partie des
symboles qui expriment la souveraineté d'un pays. Cette souveraineté ne peut
être octroyée. Seize pays dont la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Cameroun, le
Togo et le Gabon utilisent cette monnaie créée en 1945, juste au lendemain de
la seconde guerre mondiale. Depuis, la situation socio-économique du continent
Africain a beaucoup évolué. Et des rapports montrent vraiment, l'urgence de
s'en débarrasser.
Le
Franc CFA a une parité fixe avec l'euro et les pays de la zone franc ont
l'obligation de déposer 50% de leurs réserves de change auprès du Trésor public
français, nous apprend M. Alioune Badara GUEYE ( professeur agrégé en
économie générale). Selon un rapport de la zone franc, la BEAC(Banque des
Etats de l'Afrique Centrale ) et la BCEAO ( Banque centrale des Etats de
l'Afrique de l'Ouest), les deux banques centrales de la zone franc, disposaient
en 2005 de plus de 3600 milliard de franc CFA ( environ 72 milliards d'euros)
auprès du Trésor français. D'où la question de se demander que vaut cette
monnaie pour les pays utilisateurs ?
Pour Alioune Badara MBAYE, le franc CFA représente des avantages comme
des inconvénients pour les pays utilisateurs.
"Le principal est la stabilité. La
création de monnaie étant sous contrôle extérieur, il n'y a pas la tentation de
faire tourner la planche à billets. les pays de la zone franc bénéficient ainsi
d'une dette publique limitée (moins de 70% du PIB) et d'une inflation maîtrisée
(moins de 3%), quand nombre de leurs voisins se battent avec une inflation en
dents de scie. Le CFA, en outre, est un atout en terme d'intégration
régionale: il facilite les échanges entre pays de la zone, au bénéfice des
économies nationales et des acteurs économiques. Le franc CFA bénéficie enfin
d'une crédibilité internationale qui manque aux autres monnaies de la région,
du fait de son lien avec l'euro. C'est un gage de sécurité auprès des marchés.
Et ces pays ont besoin des marchés financiers pour l'investissement
.Cependant,
le principal inconvénient est celui de la dépendance monétaire: le système du
franc CFA prête le flanc au procès en néocolonialisme, du fait notamment de
l'obligation de déposer 50% des réserves au Trésor français, même si ce dépôt
ne rapporte rien à la France, qui les rémunère aujourd'hui au-dessus des taux
du marché. Mais ces dépôts privent les pays concernés de liquidités et leur
fait perdre une partie de leur souveraineté. Est-ce que Vous imaginez la
banque centrale européenne déposer 50% de ses réserves à Washington? Cela
paraît impensable. Autre problème: les gouverneurs de la BCEAO et de la BEAC
n'ont pas les coudées franches pour faire varier le cours de leur monnaie, la
parité avec l'euro les obligeant à calquer leur politique sur celle de la BCE.
C'est dire que le sort du franc CFA se décide à Paris et à Francfort. Or les
priorités pour l'Europe ne sont pas celles des pays africains. En plus,
L'arrimage à l'euro fait subir au franc CFA les fluctuations de la monnaie
européenne. Avec des conséquences parfois néfastes pour les exportations des
pays de la zone, du moins quand l'euro est fort -- ce qui n'est plus le cas
depuis l'été 2014"
Sortir, sortira pas, le débat est posé. Reste maintenant aux chefs d'Etats
concernés de décider. Pourvu qu'ils décident dans l'intérêt des peuples
souverains.
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