Construction d'un pont à la cité Dame. Crédit Photo : Google |
La cité Damel de
Yoff abrite la construction d’un pont devant relier la route de la foire au marché Dior des Parcelles Assainies et deux
routes de contournement. Ces travaux du prolongement de la Vdn ont
considérablement accentué le degré de pollution de l’air au grand désagrément
des populations riveraines.
La lourdeur du vent poussiéreux de cette mi-journée ensoleillée du lundi
n’arrange en rien le quotidien des Dakarois. Ce
jour est d’autant plus alarmant
pour les habitants de la cité Damel de Yoff. La cause, une poussière fréquente de plus venant des travaux
de construction d’un pont.
Déjà, Plus que nous nous
approchons des lieux, plus l’embouteillage est rude sur le tronçon de la voie
de dégagement nord (Vdn) menant aux parcelles assainies. Sur cette route
sortant du Cices vers le Nord-Foire, il est d’ailleurs impossible de ne pas
s’apercevoir de l’avancé des travaux de construction d’un pont à hauteur de la
cité Damel.
Sur les lieux, un décor digne
d’un chantier de route frappe la vue : d’un côté des ouvriers en tenues et
casquettes s’activent, des camions pelleuses déversent de la latérite. D’un
autre côté, deux gendarmes régularisent la circulation du fait d’un long fil de voitures déviant la
route principale. En face de cette scène, les murs des voisins sont tachés de la
couleur rouge de la latérite ; un signe des difficultés que vivent les
résidents de cette zone.
Dans ce quartier situé sur la route allant de la Foire au marché Dior
des Parcelles assainies, les travaux du prolongement de la Vdn ont fortement
impacté la qualité de l’air. Une situation insupportable que dénoncent les
populations riveraines. « Nous
souffrons énormément parce qu’il y a trop de poussière, elle a envahi nos
maisons et nous l’a respirons quotidiennement » témoigne, Malick
Samb, la quarantaine, assis dans un coin derrière son atelier de pressing la
tête bien couverte avec un foulard.
Un constat que partage Pape Ndiaye, gérant d’un magasin de meubles
importés. « La poussière attaque
chaque jour mes meubles, je passe presque toute la journée à nettoyer afin de
les dépoussiérer mais c’est
difficile avec sa couleur rouge due à la latérite», dit-il.
Le dépoussiérage est du coup devenu une tâche ménagère forcée pour les
habitants de la zone. Au niveau de la pharmacie Damel, cette tâche est
effectuée quatre fois dans la journée. « Nous
avons effectivement augmenté le rythme de nettoyage de notre lieu afin d’éviter
que cette poussière contamine nos médicaments. En plus du nettoyage de la
matinée et de midi, nous avons engagé une autre dame pour dépoussiérer les
étagères le soir et avant la fermeture à 22h », révèle le Dr Malick
Moussa Diop, l’un des gérants de cette pharmacie.
DES CAS DE RHUME TRÈS RÉCURRENT
Le même docteur renseigne qu’ « il
y a une nette augmentation sur les ventes des médicaments pour soulager les
toux depuis le début de l’année ».
La grippe est donc une conséquence directe de cette poussière. A l’image
de Cira Seydi, jeune propriétaire d’un
magasin de prêt à porter, les
populations de la cité Damel sont récurremment confrontées au rhume. « Nous sommes tous malade. Tous les
membres de ma famille sont très enrhumés à cause de la poussière.
Personnellement, je traine depuis 6 mois avec un rhume chronique. Nous sommes
très exposés aux risques de la sinusite. C’est vraiment une situation
insupportable surtout pour les enfants » fustige-t-elle
Monsieur Ndiaye, un enseignant à la retraite, habitant à 100 mètres de
la piste latérite, tout en saluant l’initiative des travaux, dénonce des
manquements de mesure d’accompagnement. Pour le vieux, les responsables des
travaux ne prennent plus la peine d’arroser la latérite pour atténuer la
poussière. « Au départ, nous avons
vu des camions arroseurs passés une fois dans la journée. Mais telle n’est plus
le cas. Nous bravons la poussière pour vaguer à nos occupations », se
désole-t-il.
Du côté du chantier, Aucun responsable n’a voulu répondre à nos
questions. « Nous ne sommes pas
autorisés à parler, veillez attendre le retour de voyage de notre chargé de la
communication », nous indique un monsieur de la trentaine, casque sur
la tête, habillé en tenu de travail.
UNE ZONE HABITUÉE
DE LA POLLUTION
A moins de 500 mètres des travaux du pont, se trouve un trafic de
carrière de sable et de béton situé à quelques 10 mètres du premier rond-point
allant de la foire aux parcelles assainies.
Un décor digne de pollution : des dunes de sables et de
bétons ; de nombreux camions chargeurs, une forte odeur de fumée des ponts
d’échappements témoignent de la pollution dans ce quartier. Le bruit de ces
camions chargeurs combiné avec la poussière dégagée rendent difficile la vie
des locataires environnants. « Il
est difficile de se reposer la journée dans nos chambres, le bruit des camions
est trop préoccupante » témoigne de plus, la dame Sira Seydi, habitante
à quelques mètres du stationnement des camions. Samba Mbow, un jeune vigile,
s’offusque de la poussière. En ces jours de vents, il lui est « difficile d’ouvrir l’œil après une
nuit de garde» dit-il.
Cette situation avait poussé une partie de la population à demander
l’arrêt du trafic en vain. En à croire les occupants de cette carrière, « ils sont les premiers à s’installer
dans cette zone, raconte Mor Talla,
et n’ont point l’intention de quitter les lieux »
Les populations riveraines restent optimistes pour un futur meilleur
dans une atmosphère peu polluante. Avec l’acquisition du pont et des routes de
déviation prévue en décembre 2018, ils espèrent une délocalisation du trafic
des carrières de sables et de bétons et oublier la forte pollution.
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